H.R. GIGER

 
Sommaire :

Hans Rudi Giger est né le 5 février 1940 à Chur en Suisse. Il habite dans un appartement au dessus de la pharmacie de son père. Hans Ruedi Giger se passionne très jeune pour la création fantastique et surréaliste, et entame des études d'architecture et de dessin industriel à Zurich. Après un emploi de décorateur d'intérieur, il devient artiste à temps plein et se lance dans le cinéma en réalisant divers courts métrages documentaires.

Il continue parallèlement de dessiner ses étranges visions fantasmagoriques et cauchemardesques, mêlant l'organique et la mécanique, et signe des œuvres mutantes à la frontière des deux mondes. Cette nouvelle forme d'art sera nommée par lui-même la biomécanique.

Giger était un ami personnel de Timothy Leary.
 
Il existe un musée H.R. Giger dans le bourg médiéval de Gruyères en Suisse, en face duquel un café est entièrement décoré de sculptures biomécaniques (sièges, bar, voûte).
 
Giger a également participé à la création de jeux vidéo avec Dark Seed 1 et 2.
 
En 1975, il est approché pour travailler sur le projet d’adaptation de Dune par Alejandro Jodorowsky, pour lequel il conçoit l’environnement des Harkonnen. Il y travaille jusqu’en 1977, année où le projet est abandonné, les financiers s’étant retirés – ses travaux conceptuels sont cependant visibles dans ses livres. Son travail ayant été remarqué, il est engagé pour créer la créature et le vaisseau étranger du film Alien, le huitième passager, de Ridley Scott, qui sort en 1979. Il partage l’Oscar 1980 des effets spéciaux pour ce film.
 
Les 2 premiers épisodes de la série Alien connaissent un grand succès au cinéma. Giger n’a cependant pas été contacté pour le design des créatures du deuxième film. En ce qui concerne le troisième volet, bien que Giger y ait participé activement, son nom est oublié au générique de la version sortie en salle... d'où la fameuse polémique Alien/Giger. Dans Alien, la résurrection, quatrième film de la série, sa conception originelle ne se retrouve d’ailleurs pratiquement plus à l’écran : les créatures n’y ont jamais été aussi « organiques », oubliant quelque peu la « biomécanique » du premier film, pourtant concept novateur et fondamental.
 
La participation de Giger à d’autres films se limite à Poltergeist II, sorti en 1986, sur lequel il ne parvient pas à imposer la démesure macabre conçue pour une scène d’invocation spectrale. Il travaille aussi sur une attraction de Disneyland, Captain EO, qui ouvre également en 1986, en créant la Spider Queen et sa planète biomécanique.
 
La Mutante (Species – 1995), dont la fin du film lui échappe car des images de synthèse, trop graphiques et « propres », y prennent le dessus. Une entité matricielle et meurtrière, où le gore s’allie à ses obsessions ésotériques, a contribué au succès relatif du film.
 
Giger s’investit encore dans Death Star et Hellraiser in Space, produisant de nombreux dessins et peintures, finalement non portés à l’écran.
 
À partir de 2010, Giger est contacté par Ridley Scott afin de prendre part à l'élaboration au sens large, et notamment esthétique, de Prometheus, présenté comme un film globalement indépendant se situant dans le passé de la tétralogie Alien et replongeant aux sources de l'esprit du film original. Si Giger n'y est ni scénariste, ni second réalisateur, son influence sur le tournage est dite supérieure à celle qu'il avait eue au travers de sa collaboration sur l'Alien de 1979.

Le Projet DUNE :

Le projet Dune est en quelque sorte l'origine d'Alien puisque c'est sur le tournage de ce film que se rencontrèrent Dan O'Bannon et HR Giger (le scénariste et le designer).
 
A l'époque, Giger est contacté pour créer les décors d'un film de science-fiction à gros budget : DUNE, une adaptation du roman de SF de Frank Herbert. Le réalisateur est français, il se nomme Alexandro Jodorowsky ; un grand nom du surréalisme incarne le Baron Harkonnen : Salvador Dali.
Giger a en charge le design de la majorité des décors : la planète, les batiments, le mobilier... Il crée un monde démoniaque et violent dominé par la perversion et la morbidité. Seules les allusions au sexe ne sont pas tolérées, au grand dam de Giger et du réalisateur.
 
HR Giger réalisera de superbes artworks pour le film Dune mais celui ci ne sera jamais porté à l'écran.
 
   
 

GIGER, Alien et la Science Fiction :

En 1977, le scénariste Dan O'Bannon contacte Giger pour la réalisation de designs spécifiques à son script, une histoire de monstre extraterrestre massacrant l'equipage d'un vaisseau spatial.

Deux années plus tard, le film totalise 80 millions de dollars de recettes et engendre trois suites ainsi qu'un Prequel.
 
HR Giger est devenu celèbre grace au film Alien. C'était ce que lui avait prédit Ridley Scott pendant le tournage, et Giger avait répondu "Je ne veux surtout pas de ça !!"...
 
Bien plus que son inestimable contribution à la Saga Alien, la révélation de son univers et de son style a marqué un tournant dans la science-fiction et son oeuvre visionnaire inspire sans cesse de nouveaux films.

Le Prologue d'Alien Le Huitième Passager :

En juillet 77, Dan O'Bannon vient de terminer le script d'Alien en collaboration avec Ron Shussett, et la Brandywine accepte de financer le projet. Il téléphone alors à Giger pour lui demander des dessins du facehugger, des oeufs et du silo. Il lui promet 1000 dollars pour ses créations. 
 
O'Bannon reçoit les dessins sous la forme de diapositives ; il est enthousiaste et après avoir montré le Necronomicon aux producteurs et à Ridley Scott, HR Giger est embauché en fevrier 78 par la 20th Century Fox en tant que concepteur artistique. Ses futurs collègues lui sont présentés : Leslie Dilley (directeur artistique), John Mollo (qui réalise les costumes), Moebius (concepteur artistique qui s'occupe de l'interieur du Nostromo et des combinaisons spatiales), Ron Cobb... Au début, Giger rencontre quelques problèmes avec un cadre de la Fox au sujet de son futur salaire car il considère l'Alien comme la star du film et pense que son salaire doit être étudié en conséquence.
 
En avril, la Fox déclare qu'il a fait le nécessaire et qu'il n'est plus utile au tournage. C'est à ce moment que Giger peint le "Hieroglyphic", une grande toile detaillant les cycles de vie de l'Alien. Bien sur les studios ne tardent pas à le rappeler de nouveau car les sculpteurs modelleurs n'arrivent pas à reproduire en trois dimensions ses superbes peintures biomécaniques.

Création de la Planète "LV-426" :

En mai 78, Giger rencontre Peter Voysey, un des meilleurs sculpteurs d'Hollywod. Giger, Voysey et Mia Bonzanigo se lancent dans la réalisation des paysages de la planète LV426 ; d'abord en maquette avec de la plastiline (Giger a fait commander des centaines d'os humains et animaux pour l'occasion), puis en vrai, sur des charpentes en bois recouvertes de plâtre de Paris. Des tuyaux sont intégrés au décor. Le paysage sera mis en peinture par Ken Hill et son équipe. 


 

Le Derelict :

Selon le script original d'O'Bannon, les oeufs étaient placés dans un temple abandonné construit par une civilisation cruelle disparue et aux rites cruels.

En mars, Giger expose ses idées pour le silo à oeufs. Il s'agit d'un vaisseau spatial extraterrestre abandonné, probablement très vieux. Ridley Scott trouve l'idée géniale et arrive à convaincre O'Bannon et Caroll. En juin, Giger sculpte un premier modèle en plastiline pour Brian Johnson, le superviseur des effets spéciaux. Peu de temps après, Giger doit de nouveau persuader la production de conserver le design du Derelict tel qu'il était au début (Caroll trouvait en effet que le vaisseau se distinguait mal du reste du décor).

Finalement, tous les dessins proposés par Giger sont acceptés du fait du manque de temps et Peter Voysey commence à travailler sur le Derelict. La couverture de la coque du vaisseau et la pose de tous les détails lui prendront plus d'un mois.
 
Le résultat final dépasse tous les rêves (ou les cauchemars) de Giger et le Derelict devient un des plus beaux décors de toute la Saga ; la "découverte du Derelict" restera une scène culte dans l'histoire de la science fiction.

  
 

Le Space Jockey :

Giger réalisera deux peintures du Space Jockey et du cockpit, une première de profil (probablement inspirée de certains éléments du Necronom 5, et une seconde de trois quarts arrière qui montre le cockpit en entier).

La première version 3D du Space Jockey est réalisée au 1/25ème par Peter Voysey en plastiline. Pour des raisons financières, les murs du cockpit serviront pour le silo à oeuf. Le Space Jockey est placé sur un plateau tournant d'1 mètre 50 de hauteur. La construction débute en septembre 78 sur le plateau A des studios Shepperton.

Le Space Jockey sera achevé dans la nuit du 25 au 26 septembre 78 par HR Giger qui applique les dernières finitions (la peau delabrée sur la tête du Pilote, faite en latex par Giger). La scène sera filmée le 26 et les trois acteurs (Skerritt, Cartwright et Hurt) seront remplacés par des enfants (ceux de Scott) pour que le Space Jockey parraisse encore plus impressionant. 
 
  
 

L'Oeuf :

Giger peint un oeuf "organique" et s'attache à créer une base à partir de tentacules biomécaniques. La première représentation 3D de l'oeuf faite par Giger présente un sommet en forme de vulve, prévue pour s'ouvrir juste avant l'attaque du facehugger. Scott est enthousiaste mais l'idée est abandonnée dans le but de ne pas choquer. Leslie Dilley propose l'idée d'un oeuf s'ouvrant à la manière d'une fleur.

  
 

Le Facehugger :

Les premiers dessins de Giger pour Alien furent ceux du facehugger (littéralement, étreigneur de visage), Scott et O'Bannon avaient pour tâche de les adapter à l'écran. En mars 78, ils décident que le facehugger ne sera pas collé au casque de l'astronaute mais directement plaqué sur son visage de manière à réveler la créature lors de l'ouverture du casque.

Le facehugger doit s'y introduire grâce à une substance extrèmement corrosive qui lui tient de sang ou de lymphe. Pour la réalisation 3D, la production décide de faire appel à Roger Dicken, un spécialiste des monstres de cinéma, mais la rencontre entre Giger et lui n'est pas constructive. HR Giger décide alors de sculpter lui-même le facehugger en plastiline, et d'en faire ensuite une créature translucide.

Malheureusement, la production lui ordonne de se consacrer entièrement à la phase III de l'Alien, c'est à dire l'Alien adulte. Roger Dicken terminera le facehugger en accord avec les directives de Giger à ceci près que la créature ne sera pas translucide.
 
  
 

Le Chestburster :

En mars 78, Giger peint dans son appartement de Londres le tableau 368 qui montre les premiers designs du chestburster ; malheureusement, l'Alien adulte n'est pas du tout reconnaissable à travers les "poulets dégénérés de la toile 368". Giger n'est pas satisfait et c'est donc Dicken qui réalise seul le chestburster (en s'appuyant tout de même sur le tableau).

La sculpture finale, en plastiline, ne plait pas du tout à Giger qui trouve la créature trop ressemblante à un dinosaure. Trois monstres Alien II seront construits, un pour pousser et crever la cage thoracique, un second pour ouvrir la bouche et être dirigé comme une marionette, et enfin le troisième, qui doit se déplacer sur la table, est muni d'un système d'air comprimé placé dans la queue qui a pour but de la faire tournoyer de manière incontrolée.

Roger Dicken sera placé sous la table du mess et devra manipuler la marionette dans la fausse poitrine de John Hurt ou ont été placés des entrailles de porc et du faux sang (du jus de framboises).
 
 
 

L'Alien :

Dès le début, Scott eut l'idée d'un monstre possédant de nombreuses parties mobiles ce qui suscita quelques réticences de la part de Giger qui pensait que cela entrainerait des difficultés techniques. La possibilité de construire un robot fut rejetée devant l'incapacité de le contrôler parfaitement et le risque que cela pouvait entrainer pour un acteur, par exemple, lors d'un combat. Après de longues discussions, la décision fut prise de réaliser une créature élégante à la morphologie proche de celle de l'insecte.

Au début, il semblait impossible à Giger de dessiner un monstre réaliste où l'on ne pouvait pas deviner la présence d'un homme sous le costume. Giger peint cependant plusieurs tableaux où il représente des créatures possédant des crânes allongés. L'avant du crâne ayant deux gros yeux rappelant trop un casque de moto, il est décidé de rajouter un dôme semi translucide foncé vers l'avant pour ne pas laisser voir les yeux, ou très peu (scène finale dans le Narcissus).

En juin 78, Scott découvre dans un bar Bolaji Badejo, un Massai de 2m10. Ce sera lui qui jouera l'Alien. Après le départ de Voysey, Giger obtient un autre assistant : Eddie Butler. Tous deux commencent à sculpter sur le buste moulé de Bolaji. La création de l'Alien commence.
 
Le premier modèle de la tête est envoyé à Carlo Rambaldi, un spécialiste de l'automatisation des créatures de science fiction ; parallèlement, une seconde est donnée à un ingénieur travaillant sur place. Le 3 juillet débute la construction du corps de l'Alien avec Butler alors que la production leur met la pression, car le temps passe... Giger se sert de pièces mécaniques et d'os d'animaux pour les détails ; il sculpte avec de la plastiline et de l'argile. Un peu plus tard, leur équipe est renforcée d'un troisième membre, Andrew, qui a travaillé sur Star Wars. Giger fait encore appel à deux assistantes.

Début août, il s'avère impossible de créer un Alien translucide et certaines parties du moules ont été abimées et doivent être refaites. Finalement, Giger et son équipe décident de faire des moules en latex. Il est très largement déçu par les resultats. Peu de temps après, Bolaji essaye le costume et le teste.
 
Fin août, Rambaldi arrive avec son équipe. Le résultat dépasse toutes leurs espérances : Rambaldi a conçu un superbe mécanisme pour permettre l'activation de la seconde machoire. Scott a l'idée de recouvrir les muscles faciaux avec des morceaux de préservatifs.

L'équipe de tournage dispose de six têtes, une possédant une machoire automatisée, une commandée à distance entièrement automatisée, une troisième à moitié automatisée, deux autres dépourvues de mécanismes et la dernière en plastique pour les scènes de chute. Le 6 septembre, l'Alien est dévoilé. Giger continue son travail sur les costumes en les peigant sans cesse et en rajoutant toujours plus de details.

L'Alien sera finalement dévoilé aux acteurs quelques temps plus tard. Pour son travail sur le film, Hans Rudi Giger ainsi que toute la direction artistique remporteront un Oscar pour les meilleurs effets visuels.
 
 

 

   
 

 






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